Pour sa 8ème édition, le 7 octobre dernier, la Chartreuse de Neuville a approfondi le rôle des aidants à travers la thématique « Aidant, entre subir ou choisir ? Enjeu individuel et collectif ». En plus d’être d’actualité, cette thématique rejoint l’histoire du lieu d’accueil. En effet, la Chartreuse de Neuville a été un lieu d’accueil et d’inclusion, notamment pendant le demi-siècle de l’hospice asile. Aujourd’hui, la Chartreuse de Neuville a inscrit, en partenariat avec AG2R La Mondiale, la question du répit inclusif et de l’aide aux aidants, proches ou professionnels, comme l’un des axes forts de son offre de répit, tant sur sa partie sociétale que d’hôtellerie future.
Tout au long de la journée, des professionnels du milieu, bénévoles, et public concerné ou sensibilisé, sont intervenus pour discuter de l’accompagnement actuel des aidants. Ils ont proposé des orientations à suivre pour assurer un bon accompagnement de ce rôle et de ce fait la relation entre les deux parties.
Parole d’intervenants :
– Hélène Viennet – Psychologue clinicienne, psychanalyste, est l’auteure de « À l’écoute des proches aidants ». Elle nous a rappelé qu’il y a une oscillation entre le fait de « subir » la situation d’aidance et de « choisir » ou d’avoir été choisi(e) pour endosser ce rôle.
– Thierry Bierlat est Médecin gériatre au Centre Jacques Calvé de la Fondation Hopale, chef de service réadaptation/ré-autonomisation. Pour introduire son propos, il emploie le terme anglais « caregiver » qui signifie le professionnel qui prend soin de, qui se soucie et vient en aide à, sans véritablement parler de soins. En France, ce rôle est garanti par les aidants, que l’on peut qualifier d’« aidant naturel » ou de « proche aidant ». En effet, il s’agit souvent d’un membre de la famille, d’un voisin, etc..
Par l’existence de cette proximité entre l’aidant et l’aidé, la relation dépasse le rapport entre le professionnel et l’usager. Être aidant c’est endosser un rôle, se faire attribuer une fonction, sans tâches professionnelles à réaliser. Il insiste cependant sur le fait que, bien que cette relation soit naturelle, puisque intrafamiliale, il est primordial de ne pas abdiquer le premier rôle de l’aidant qui est celui d’être un conjoint, un enfant, un voisin, avant tout !
– Olivier FREZET est Directeur du dispositif Domcare-Aidance de l’hôpital Bagatelle de Bordeaux. Il a introduit son propos en présentant que l’aidance existe depuis le 13ème siècle. Il s’agissait d’abord de l’apport et de la réception d’aide. Puis, avec le temps, cette aidance s’est définit par la diversité de ses liens (familiaux, amicaux, professionnels), de ses formes (occasionnelle, ponctuelle, journalière…), de ses moyens (financiers, matériels). Selon lui, il convient de porter une attention particulière sur la période « post-aidance », c’est-à-dire, au moment du départ de l’aidé en institution ou lors de son décès. En effet, il lui semble important d’orienter les actions à venir sur le changement de vie des aidants, pour qui ce renouveau peut être déstabilisant.
– Nathalie QUAEYBEUR est Directrice des plateformes de répit (PFR) dénommées Maisons des Aidants Métropole Lille et Roubaix Tourcoing. Elle est également présidente de la fédération des PFR Hauts-de-France. Elle nous informe que la durée moyenne de l’accueil de l’aidant et l’aidé est de 36 mois, période précédant bien souvent l’entrée en institution ou le décès de l’aidé. Ce constat a orienté leurs actions sur la prévention de ces situations d’urgence, en cherchant à outiller les aidants, avant qu’ils ne s’épuisent.
Table ronde : « Quels choix quand rester chez soi devient une source de fragilité accrue ? »
Pour bien saisir les enjeux d’aujourd’hui, il a été fait un rappel de la pluralité des vieillesses et de l’évolution entre les générations, traduisant les nouveaux besoins et ceux à venir. L’accroissement de la population vieillissante et le vieillissement de cette population vieillissante avec apparition de la dépendance, font et vont aussi faire naitre de nouvelles orientations.
Parmi les intervenants, nous trouvons Jean Ruch – Fondateur de Familles solidaires, Bruno Maillard – Directeur général de l’association Feron-Vrau et Alain Smagghe – Co-fondateur de La Maison des Sages de Buc.
Ils ont avancé qu’il n’y avait pas de solutions uniques et parfaites car elles dépendent des besoins de chacun. En revanche, il leur semble nécessaire d’y penser et d’innover pour répondre aux particularités de tous !
Quelques exemples présentés :
- Accueil de jour pour les personnes en perte d’autonomie vivant à domicile avec le Service d’Accompagnement au Vieillissement En Logements Adaptés (SAVELA)
- L’Ehpad fournisseur de services, facilitateur du maintien à domicile (travail en cours dans les Hauts de France )
- Accueil en Maisons des aidants (aidant et aidé)
- Béguinages
- Habitat inclusif
- Habitat partagé avec la Maison des sages (Colocation pour personnes atteintes de la maladie d’Alzheimer en domicile partagé)
En synthèse de la journée :
La reconnaissance du rôle des aidants et la prise en compte de leurs besoins sont essentielles pour l’avenir de la population vieillissante, public notamment accueilli au sein des béguinages.
En ce sens, Béguinage et Compagnie attache une importance toute particulière à l’écoute des futurs habitants, de leurs parcours de vie, tant personnel que résidentiel. Vous portez un projet, une intention, une réflexion, contactez-nous.