L’avancée en âge est souvent associée à une image négative, et au sentiment de peur de vieillir. En conséquence, le vieillissement de la population tend souvent à rendre invisible un grand nombre de nos concitoyens. Pourtant, il n’y a pas un unique modèle de vieillissement, mais une pluralité. Cela nécessite donc d’innover dans les offres d’habitats et d’accompagnements, et d’être attaché à l’usage des lieux, des objets et des services.
« Accompagner le vieillissement et la transition démographique est une responsabilité collective. Continuer à les cantonner à une question médico-sociale est une erreur qu’il nous faut aujourd’hui dépasser ! »
« L’âgisme » ou la discrimination à l’encontre des personnes âgées
Pour être exhaustif dans nos propositions, il faudra bien sûr s’attacher à la personne elle-même, mais également à son entourage. La prise en compte du regard de la société sur la personne âgée sera également nécessaire : En effet, l’avancée en âge est souvent perçue par le prisme unique de la dépendance. Pour éviter cela, les personnes vieillissantes doivent pouvoir exprimer aisément leurs choix et leurs désirs. Il s’agit pour nous de les prendre en compte. En agissant ainsi, il faut accepter d’aller partiellement à l’encontre des politiques publiques qui ont apporté depuis 50 ans des réponses collectives, normées et uniformes.
Il est donc temps de redonner la parole aux personnes vieillissantes, et de leur permettre d’exprimer leurs besoins. En ce qui concerne le logement, il s’agit de concilier l’idée d’un lieu de vie adapté, d’un « chez soi » choisi et accepté, dans un environnement favorisant les liens sociaux. L’habitat partagé ou l’habitat groupé sont des modèles qui se développent, mais souvent dans un contexte où la personne vieillissante n’a pas eu l’occasion d’exprimer véritablement ses besoins. Chez Béguinage & Compagnie, nous sommes attentifs à recueillir les attentes des futurs occupants de logements dits « seniors ». Nous favorisons les rencontres avant l’emménagement notamment pour favoriser la connaissance réciproque des habitants. Par voie de conséquence, nous encourageons l’entraide et la vie sociale et partagée dans ces nouveaux habitats groupés. La qualité de vie quotidienne des habitants est une conséquence de ce temps privilégié pris en amont.
La transition démographique et le lien transgénérationnel
Aujourd’hui, le droit et l’estime sociale des aînés sont remis en lumière par différentes actions politiques, notamment l’OMS, avec les villes amies des aînés. En 2015, la prévention de l’isolement social était même une des priorités du rapport Libault. Depuis, le dispositif Monalisa s’est déployé, il pourrait être amplifié par la mise en relation de plusieurs générations en s’appuyant sur les associations qui valorisent les liens de réciprocité entre les générations. Les relations transgénérationnelles seraient alors mises en œuvre pour appréhender la transition démographique dans sa globalité.
La transition démographique est donc bien un sujet dont doivent s’emparer les communes et les collectivités territoriales. Il s’agit de favoriser « l’empowerment de territoire »*. L’évolution démographique de chaque commune représente donc un enjeu qui doit être pris en compte. Nos organisations doivent évoluer et être co-construites en prenant en compte les besoins collectivement exprimés par les personnes vieillissantes.
Considérées ainsi, l’évolution du regard de la société et la transition démographique favoriseront la cohésion sociale. Cela apportera un équilibre stable dans un environnement fluctuant où les technologies évoluent en permanence. Le principe de conception universelle qui intègre l’usage de l’objet ou des lieux est donc à privilégier… Béguinage & Compagnie s’y emploie depuis 2015 dans le domaine du logement.
*Pr Gilles Berrut, Les papys qui font boom, édition solar, 2018, p 214
D’après des extraits du rapport de Mme Dufeu Schubert, députée de Loire-Atlantique