Retour sur notre discussion avec Serge*, nouvel habitant depuis le 1er septembre 2021 au sein de l’habitat groupé « Les Myosotis » à Nazelles-Négron, en Indre-et-Loire (37)… Il nous a partagé sa vision de son rôle dans l’habitat groupé, mais également son intégration et le bonheur d’y habiter.
* Nous avons changé les prénoms des personnes mentionnées.
Un rôle à jouer
Voici quelques verbatims qui illustrent le rôle que ce nouvel habitant a endossé en arrivant dans l’habitat groupé :
- « L’autre matin, j’ai fait des gâteaux, j’ai fait le café, j’ai monté les tables. Je suis le l’homme à tout faire ici… En fait, je ne suis pas vraiment en retraite (rires)…»
- « Je disais à Jeanne* : ‘ça va être à notre charge, notre fonction de les aider quand les plus âgés du béguinage vont partir. Il faut se préparer à ça et aussi à ce que l’on vienne nous aider après, quand ce sera notre tour de vieillir. Qu’il y ait un renouvellement qui se mette en place. »
- « Elles ont pris la décision d’arrêter le jardinage. Je prends le relais. Si on veut perpétuer ce qui a été entrepris, il faut prendre le relais. Je commence à m’y intéresser car je ne m’y connaissais rien. Mais elles vont m’aider… Je ne pense pas qu’elles ne veulent plus, c’est qu’elles ne peuvent plus. Ça aussi ça fait partit du lien. Et ça oblige les gens à sortir si on s’y accroche.»
La réponse à un besoin
Avec quelques semaines de recul, Serge et ses proches se rendent compte des apports de son emménagement au sein de l’habitat « Les Myosotis » :
- « Il n’y a pas longtemps, ma fille m’a dit : ‘c’est bizarre, tu ne grognes plus’ et moi je lui ai répondu ‘c’est l’effet déménagement’.»
- « J’ai une grande amie qui est venue me voir, elle aussi elle dit : ‘c’est exactement ce qu’il te fallait’. »
- « Avant à Paris, je ne sortais plus… Ici je sors tous les jours. Mon petit plaisir, je vais sur le balcon, sur mon banc, et j’écoute le silence. Sincèrement c’est le bonheur pour moi. Quand j’étais dans mes pensées les plus noires en banlieue parisienne, c’est un peu ce que j’espérais. Et bien en vrai c’est mieux !! Ici c’est la paix. »
L’intégration petit à petit
Au fil de l’entretien, Serge est venu de lui-même à exprimer une progression depuis son arrivée dans l’habitat « Les Myosotis ». Pour diverses raisons, il se sent à présent intégré, comme nous pouvons le constater dans ses propos :
- « Je suis seul chez moi, mais je peux l’arrêter (le fait d’être seul), je peux descendre pour discuter… Et on refait le monde.»
- « Ça passe chez moi, on est venu m’apporter des champignons par exemple. Pour moi c’est fort… Je me sens vraiment bien intégré, ça y est ! Je parle aussi à un voisin en face (non-habitant du béguinage). »
De nouveaux projets à co-construire
Serge, accompagné par les autres locataires de l’habitat, ont repris, après quelques mois d’arrêt à la suite du covid-19, leurs réunions du mardi matin, afin de programmer de nouveaux projets.
Le dernier en date est celui de l’intervention de jeunes en service civique, âgés de 16 à 25 ans de l’association Unis-cité. Durant 2H00, 1 mercredi sur 2, une formation/aide informatique est proposée aux habitants des Myosotis. À ce jour, l’association a attiré 8 participants sur 11 locataires actuels. Une réussite !
Et voici d’autres exemples qui ne devraient pas tarder à se mettre en place…
- « On va organiser un repas des voisins l’année prochaine. On compte inviter tout le système pavillonnaire (logements en proximité du béguinage). »
- « Nous allons faire un goûter aussi en présence de jeunes d’associations avec qui une des habitantes à un projet de plantation d’arbres. »
L’habitat groupé de Nazelles-Négron a ouvert en avril 2018. Il est composé de 12 logements adaptés, et les premiers habitants ont bénéficié d’une Assistance à Maitrise d’Usages pour préparer leur installation et envisager la vie de la petite communauté qu’ils forment aujourd’hui.
Le projet était porté par la Mairie, qui avait souhaité voir être construit un ensemble de logements sociaux écologiques, dont les habitants seraient parties-prenantes. En conséquence, l’immobilier a été construit par la Foncière Chênelet. En parallèle, Béguinage & Compagnie a accompagné les habitants dans la mise en œuvre du projet de vie sociale et partagée.
Quatre ans plus tard, le projet fonctionne toujours en auto-régulation, pour le plus grand plaisir de ses habitants !